Le lundi 14 mai 2007 – Il y a près d’un an déjà, des moisissures avaient infesté les dortoirs du camp Flamand, en Haute-Mauricie, causant des problèmes de santé sérieux chez bon nombre de travailleurs. Alors que l’on croyait que les travaux de réfection auxquels la CSST avait contraint Hydro-Québec étaient complétés et que l’environnement des travailleurs était de retour à la normal, il semble bien que la saga des moisissures se poursuit.

Une visite surprenante
Les 26 et 27 avril derniers, suite à de récentes plaintes formulées par des travailleurs du camp Flamand, François Patry, directeur du service santé et sécurité du travail à la FTQ-Construction, s’est rendu en Haute-Mauricie pour vérifier l’état des travaux de réfection. Il a alors été à même de constater la présence de moisissures dans les salles de bain et les salles de lavage. Autre surprise, la cafétéria, le restaurant, le bar et les toilettes de la cafétéria n’avaient toujours pas été reconstruits.

L’automne dernier, la CSST avait pourtant ordonné qu’Hydro-Québec procède à la réfection des infrastructures présentant des traces de moisissures de façon à éliminer toute trace de champignons dommageables pour la santé et la sécurité des travailleurs.

Des travaux expéditifs
Les récentes plaintes formulées par les travailleurs concernaient surtout des infiltrations d’eau dans les dortoirs, pourtant refaits il y a à peine quelques mois. Les travailleurs affirment s’être plaints à plusieurs reprises à Hydro-Québec et pourtant, rien n’a sérieusement été fait, ou même envisagé, pour remédier à la situation.

Bilan de la situation actuelle au camp Flamand : malgré toutes les interventions de la FTQ-Construction et de la CSST, Hydro-Québec persiste à se traîner les pieds quant à la santé et la sécurité des travailleurs oeuvrant sur les chantiers de Rapides-des-Cœurs et de Chute-Allard. Aucune mesure n’est prise pour prévenir et enrayer définitivement les problèmes de santé occasionnés par les moisissures au camp Flamand.

Le rôle Commission de la santé et de la sécurité du travail
Force est de constater que dans cette histoire, les choses évoluent avec lenteur. Avisée de la visite de la FTQ-Construction au camp Flamand en avril et des plaintes directement formulées par François Patry à cet effet, la Commission a fait rapport et a demandé à Hydro-Québec de former un comité paritaire pour étudier la situation et les plaintes.

Le délai imposé par la CSST : Aucun. Les résultats : aucun. Hydro-Québec n’a même donné suite au rapport en question et il est inutile de préciser qu’aucun comité n’a jamais vu le jour. Pendant que tout ce beau monde se tourne les pouces, les travailleurs respirent chaque jour un peu plus de moisissures et hypothèquent graduellement leur santé. Mais ça, visiblement, personne ne s’en soucie.

Une attitude déplorable
Suite à des pressions faites par François Patry, la CSST a finalement donné un délai de 12 jours à Hydro-Québec pour qu’elle mette sur pied un comité afin de prendre en compte les plaintes qui lui sont adressées.

Une situation dangereuse pour la santé des travailleurs sévit au camp Flamand. Cette situation est connue par Hydro-Québec et par la CSST et a fait l’objet des plusieurs plaintes. Hydro-Québec a déjà été condamnée à effectuer des travaux visant à enrayer ces mêmes problèmes. Malgré tout, la CSST persiste à ne donner que des avis et des délais sans contraintes ni mesures coercitives sérieuses.

Deux poids deux mesures
François Patry, qui œuvre depuis plusieurs années dans le milieu de la santé et de la sécurité au travail, ne se gêne pas pour affirmer que la CSST a tendance à faire la belle devant Hydro-Québec : «Je constate malheureusement que la CSST n’a pas la même rigueur lorsqu’il s’agit d’Hydro-Québec qu’envers les petits employeurs.» Il ajoute que «plus l’institution est importante et près du gouvernement, plus les prises de position de la Commission sont molles et sans vigueur; les dossiers traînent en longueur et les travailleurs paient de leur santé ce qui pourrait être qualifié de laxisme.»

Histoire sans fin
Près d’un an après les premières dénonciations concernant les problèmes de santé graves de plusieurs travailleurs, après un arrêt de travail concerté des travailleurs oeuvrant sur le chantier, après une condamnation d’Hydro-Québec à reconstruire les infrastructures atteintes, la situation tourne en rond. Les travaux n’ont pas été faits adéquatement et les moisissures reprennent. Hydro-Québec ne bougera pas tant qu’elle n’y sera pas contrainte et la CSST ne met pas ses culottes.

«Dans cette situation, nous faisons face à un donneur d’ouvrage délinquant qui ne cherche aucunement à s’amender et la CSST se traîne les pieds», mentionne François Patry. Si tout le monde se déresponsabilise, que reste-il comme solution pour s’assurer que les lois en vigueur soient dûment appliquées? Faudra-t-il faire appliquer ces lois par les travailleurs?

Dossier Camp Flamand : – La santé et la sécurité sur les chantiers : c’est une priorité! (7 août 2006) – Les moisissures au camp Flamand: une victoire pour les travailleurs et les travailleuses (17 août 2006) – Camp Flamand : quatre travailleurs s’enchaînent devant les bureaux d’Hydro-Québec à Montréal (30 novembre 2006)

MM/